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Publié : 21 décembre 2008

Une comparaison entre une classe à plusieurs degrés et une autre à un degré.

Lors d’un séminaire de l’Académie suisse des sciences techniques SATW, organisé par sa commission ICT Philippe a Marca a présenté une comparaison entre la vie de sa classe unique, à Epiquerez, et la vie des classes à un seul degré lors de son activité à Vicques, à l’école primaire puis à l’école secondaire.

Cet exposé se situait dans un séminaire consacré à l’apprentissage tout au long de la vie, lifelong learning LLL, une condition essentielle pour assurer la permanence de notre société et une vie décente à chacun.

Sa présentation est publiée dans le rapport du séminaire.

Il se trouve sous

Publications / Villars-les-Moines,

N° 8 LifeLong Learning, septembre 2006

L’exposé de Philippe a Marca occupe les pages 98 à 102.

Le document complet pèse 5,6 mégas.


 Un extrait de la présentation :

à l’École primaire

dans une CDM (classe à degrés multiples). Expérience
vécue dans une classe unique (élèves de la 1re à la 9e
année de scolarité obligatoire), durant 18 ans, dans un
petit village essentiellement rural, Epiquerez, dans le
Clos du Doubs, canton du Jura.

à l’École secondaire (ES)

du Val Terbi (élèves de la 7e année à la 9e année de tout le
Val Terbi), durant 12 ans, à Vicques, canton du Jura.

Nombre d’élèves

CDM

Classes à faibles effectifs (8 à 16), les élèves vivent en
milieu protégé.

ES

Effectifs plus important (15 à 25), acquisition d’un capital
social plus important.
Autonomie de l’élève

CDM

Nécessité absolue, pour l’enseignant, d’arriver à une
autonomie de travail pour l’élève de manière à pouvoir
travailler avec une partie de la classe seulement.

ES

Un espoir, un but pour le prof, qui relève d’une visée
pédagogique, mais qui ne relève pas nécessairement
d’une nécessité. A la limite, l’autonomie des élèves peut
poser problème dans une classe dont la majorité des
élèves présente des difficultés d’apprentissage : gros
investissement en énergie de la part du prof. En effet, si un
ou deux élèves seulement deviennent autonomes, ils vont
requérir une grande partie de l’énergie de l’enseignant
dans l’accompagnement de leurs activités et ce, par
rapport aux autres élèves, dépendants, qui attendent
qu’on leur donne du « prémâché » en permanence. D’où
conflit d’intérêt et de gestion du temps.

Méthode de travail

CDM

Importance de mettre en place des processus, des outils,
des systèmes d’auto-évaluation, des visualisations des
progrès de l’apprentissage.

ES

La mise en place de processus n’est pas une obligation,
mais relève d’une visée pédagogique propre à l’enseignant.
Les cours « apprendre à apprendre » et « méthodes de
travail » sont récents mais nécessaires dans l’utilisation
des MITIC.

Interaction entre élèves

Expérimenter la compétence d’apprendre par soi-
même en relation avec un environnement.

CDM

Le recours aux pairs, à un élève plus âgé, pour obtenir
une explication est fréquent. Deux avantages :

• l’enseignant n’est pas le seul recours ;

• pour l’élève qui explique, il conforte et valorise son
savoir (voir J.-B. de La Salle, XVIIe siècle : « la meilleure
façon d’apprendre, c’est d’expliquer – ou enseigner »).

Le résultat :

• constitution et véritable pratique d’une communauté
apprenante ;

• obligation d’individualiser, de différencier.

ES

L’interaction n’est pas toujours souhaitée car elle peut
être considérée comme perturbatrice. A part dans des
activités particulières, la norme va vers une classe plutôt
silencieuse, appliquée au travail, où les interactions
passent par une exigence fixée par l’enseignant.

Le résultat

• tentation pour l’enseignant de s’adresser à « l’élève
médian », même discours pour l’ensemble de la
classe.

Toutes les classes sont des CDM

Même s’ils ont le même âge, les élèves ont
des intérêts, des niveaux de développement,
des modes de pensée, des accès cérébraux qui
diffèrent. Cette différenciation est prônée dans
les textes officiels, mais souvent laissée au niveau
d’une intention.

Découpage du temps

CDM

L’interdisciplinarité et la souplesse du programme, sa
malléabilité sont impératives. L’horaire et la distribution
des temps de travail dépendent du sujet traité.

ES

Le découpage des apprentissages en disciplines et en
tranches de 45 minutes implique un respect strict de
l’heure. Les sonneries sont impératives.
Activités extra-muros ou spéciales

CDM

Visites, découvertes, ateliers particuliers très faciles
à organiser : le temps et les lieux appartiennent à la
classe.

ES

La modification de la distribution horaire ou l’utilisation
des salles touche de nombreux enseignants. Organiser
une activité particulière requiert beaucoup d’énergie,
de concertation, de bonne volonté. La découverte de
« l’extérieur » devient une exception, le temps et les lieux
échappent à la classe.

Regard sur les élèves

CDM

Les élèves travailleurs devenaient de véritables
« locomotives » ; ils étaient estimés et suivis par les
autres.

ES

Selon les sections, les élèves appliqués sont souvent
traités d’« intellos » ou de « lèches-bottes ».

Pour l’enseignant

CDM

Risque très grand d’isolement = nécessité de se déplacer
pour rencontrer d’autres enseignants de CDM, nécessité
de créer un réseau.

ES

Travail dans un équipe d’enseignants, pas d’isolement.
Possibilité de ressourcement, de renforcement.
Relation à l’adulte

CDM

Relation prioritaire avec un seul enseignant ;
occasionnellement avec un enseignant spécialisé pour
des branches particulières (activités créatrices).

ES

Confrontation et « jeu » avec plusieurs enseignants :
possibilité de s’entendre avec l’un ou l’autre, mais
possibilité aussi d’y échapper.

Relation au savoir

CDM

L’intérêt pour le savoir facilite le travail en autonomie.
Pour l’enseignant, rechercher les synergies entre les
propositions du plan d’études et les intérêts de l’élève
sont absolument nécessaires.
Voir les centres d’intérêt d’Ovide Decroly (1871-1932). 
L’œuvre de ce médecin, éducateur et psychologue belge 
prend  place  dans  la  lignée  des  médecins  éducateurs, 
de  Jean  Itard  à  Maria  Montessori  dont  les  bases  de 
la  pédagogie  reposent,  entre  autres,  sur  le  travail  en 
équipe,  l’auto-évaluation  et  l’institution  d’un  système 
de responsabilités  ; l’école est conçue comme une société 
en miniature où se développent les règles de la vie en 
communauté. L’éducation intellectuelle est dominée par 
l’organisation du milieu scolaire et par l’exploitation des 
centres d’intérêts. Ceux-ci sont censés répondre aux besoins 
fondamentaux de l’enfant  : se nourrir, lutter contre les 
intempéries, se défendre contre divers dangers, travailler 
et se reposer. L’exploitation des centres d’intérêts donne 
lieu à l’emploi de méthodes actives mettant tour à tour en 
œuvre l’observation, l’association et l’expression. Des jeux 
couronnent toute activité d’apprentissage. Une illustration 
de cette fonction nous est fournie par la célèbre méthode 
globale d’enseignement de la lecture  : le point de départ 
n’est pas la lettre, mais la phrase significative. L’œuvre du 
grand pédagogue belge représente une étape importante 
de la constitution d’une psychopédagogie expérimentale.
Voir aussi la pédagogie de Célestin Freinet (1896-1966) et 
la pédagogie institutionnelle élaborée par Fernand Oury 
(1920-1988).

ES

Avec le plan d’études, le programme est le maître. Les
élèves d’une classe sont comparés entre eux, la sélection
est prioritaire, les élèves de tête peuvent larguer leurs
pairs qui ont des difficultés.
Outils de connaissance

CDM

A Epiquerez, tous les élèves étaient issus d’un milieu
agricole, donc au contact du bétail, de la nature et
souvent confrontés à de pénibles labeurs liés au train
de paysan et partagés en famille. Un milieu propice à
la découverte, à la saine curiosité (la mécanique, par
exemple, n’avait plus de secret pour eux). En classe, ils
consultaient régulièrement les dossiers à leur disposition
comme le coffret de MATH-CDM, les fiches de recherche,
les béquilles de rattrapage, leurs pairs et, en dernier
recours, l’enseignant. L’utilisation du dictionnaire et
d’une encyclopédie était indispensable. De plus, les
élèves – leurs parents aussi – bénéficiaient de la venue
du Bibliobus, une fois par mois.

ES

Les élèves actuels recourent (pour l’instant) peu à
l’Internet comme source du savoir. Ils se fient beaucoup
à la TV. Ils ne lisent pas plus que les élèves d’Epiquerez.

Philippe aMarca, Vicques, août 2006


Cette présentation a généré

 une recommandation spécifique

4.6

4.6.1. Nous observons …

l’apport pédagogique des classes à degrés multiples qui
démontre que la différenciation de l’apprentissage est
possible et nécessaire et que cette pratique devrait être
appliquée dans tout groupe d’apprenants.

4.6.2. Nous recommandons …

un approfondissement de la réflexion sur ce mode
d’enseignement, et son implication dans l’intégration
des nouvelles technologies dans la formation avec une
perspective d’apprentissage LLL.

4.6.3. Nous proposons l’action …

• projets de loi,
• programme de recherche,
• information, formation des enseignants

4.6.4. A destination de …

CDIP,

chambres fédérales,

OFFT,

partenaires sociaux,

enseignants,

formateurs,

parents.

4.6.5. Mots clés

degrés multiples,

modes d’enseignement (simultané, mutuel,
individualisé).


Un dossier sur

 L’école rurale et l’égalité des chances

paru dans café pédagogique

le dossier à télécharger

PDF - 802.8 ko
école et ruralité, égalité des chances ?

image du dossier ruralité