Publié : 27 décembre 2005

Introduction

Vermes est un village paroissial situé à 569 mètres, dans un vallon étroit et peu fertile, traversé par la Gabiare, affluent gauche de la Scheulte, entre le Montaigu et le Schönberg.

Le village est profondément encaissé, assez mal bâti. Le Vallon de Vermes est une cuvette synclinale dans le jurassique supérieur, renfermant des dépôts tertiaires.

Vermes tire son origine d’un monastère de l’Ordre de St Colomban, qui y avait été construit, au VIIe siècle, par les moines de Luxeuil. Saint Valbert, abbé de Luxeuil, avait établi, comme premier abbé de Moutier-Grandval, St-Germain de Trèves et lui avait soumis en même temps deux autres monastères, celui de St-Ursanne et celui élevé dans une vallée étroite, voisine de celle de Moutier et qu’on a appelé le monastère de St Paul de Vermes. Ce site se prêtait admirablement bien pour un monastère, la solitude y était profonde, les abords difficiles, des montagnes l’enfermaient de toutes parts ; une rivière limpide, poissonneuse, se frayait péniblement un passage à travers d’étroits défilés où les bêtes sauvages n’étaient pas inquiétées et en avaient fait un jardin, le Thirgarten actuel. (ou Tiergarten)

Le duc d’Alsace, Gondonius, avait enrichi le monastère de Moutier en étendant ses possessions à tel point que les moines de Luxeuil avaient pu créer trois monastères, trois asiles de prières, de travail et de mortification. Ce sont là les trois phares lumineux qui ont éclairé notre patrie jurassienne déjà au VIIe siècle, Moutier, St-Ursanne et Vermes.

Quinze ans après la mort si tragique de St-Germain et de St Randoald, un moine de Moutier-Grandval, nommé Bobolène, mentionna, dans la vie de St Germain, avec les monastères de Moutier et de St-Ursanne, soumis à l’autorité abbatiale de St Germain, le monastère de Vermes, Monasterium Verdunense (1).

L’empereur Carloman, en 769, confirmant les possessions de Moutier, spécifia le petit monastère de Vermes, dédié à St-Paul (2), Le 24 avril 849, l’empereur Lothaire prend sous sa protection spéciale l’abbaye de Moutier Grandval avec les deux couvents qui lui sont soumis, celui de St-Ursanne et celui de Vertima (Vermes) dédié à St Paul (3). Ce monastère de Vermes est encore cité dans l’acte de confirmation des possessions de Moutier, par le roi de Lorraine, Lothaire, le 19 mars 866 (1). L’empereur Charles le Gros, en 884, cite de même, comme dépendance de Moutier, la Celle de Saint Paul, appelée Vertima (2).

La Celle était le nom donné alors aux maisons de prières où les moines menaient la vie commune, retirés chacun dans leur celle ou cellule.
Les documents cités ici sont les seuls témoins du couvent de St-Paul de Vermes et ils s’arrêtent à l’année 884. On ne possède pas l’histoire de ce monastère, si des écrits ont été faits pendant son existence, ils ont disparu ou ont été détruits.

Le monastère de Vermes a eu une existence d’environ trois siècles, puisqu’il existait déjà en 666, qu’il est signalé en 884, mais qu’il avait disparu en 962.

Il est à remarquer que la paroisse de Vermes a encore aujourd’hui pour patron l’apôtre St-Paul, associé à St Pierre, dont la fête se célèbre le 29 juin.

En outre, les vestiges du monastère sont encore visibles à Vermes. Derrière l’église paroissiale, qui a sans doute remplacé l’église du couvent bénédictin, on remarque très bien, dans les mouvements du terrain, les lignes encore visibles de l’ancien bâtiment monacal. On voit encore la place qu’il occupait. Quand on fouille ce sol on se heurte à des murailles de fondations qui rappellent ce monastère qu’on avait oublié depuis des siècles.

Comment ce couvent a-t il été détruit ? Rodolphe II, roi de la Bourgogne transjurane, qui régnait de 911 à 937, avait donné au Comte d’Alsace, Luitfrid, la possession du monastère de Moutier comme fief.

(1)Bobolène, Vita St-Germani, Mabillon, Acta : S. S. ord : St-Bénédicti.,

(2) Trouillat I 78.
(3) Schoepflin Absatia diplôm : I 83.
(1) Trouillat I 113. (2) Trouillat I 120.

Après la mort du Comte, ses enfants s’étaient partagés ces vastes domaines, que lui-même avait ruinés (1). Ces possessions furent anéanties, et, parmi celles-ci, le monastère de Vermes. En effet, lorsque le roi Conrad restaure l’abbaye de Moutier, parmi les propriétés qui en dépendaient on ne voit plus figurer le couvent de Vermes.

Ruiné par les enfants du Comte Luitfrid, le couvent ne fut pas rétabli. Le roi de Bourgogne en rétablissant l’abbaye de Moutier, ne releva pas le monastère de Vermes, il se contenta de lui confirmer ses possessions par la Charte du 9 mars 962. L’abbaye de Moutier fut donc rétablie et confirmée dans la possession de ses biens. Quant au monastère de Vermes, moins important, dont les religieux avaient dû fuir devant les envahissements sacrilèges des fils de Luitfried, on se contenta de réunir ses biens à celui de Moutier. On ne rétablit à Vermes qu’une chapelle, dédiée à St Paul, qui, en 1490, était encore un souvenir de l’ancien monastère disparu depuis trois siècles.

Quoiqu’il en soit ce sont des moines bénédictins qui ont défriché ce petit vallon solitaire de Vermes, au milieu de ces montagnes boisées. Ils furent les bienfaiteurs et les saints de cette contrée. Autour de leur monastère et à l’abri de leur église qu’ils avaient édifiés de leurs mains, sont venues se grouper d’autres habitations qui abritèrent des familles chrétiennes et donnèrent naissance à la communauté et à la paroisse de Vermes. St-Germain de Moutier fit entendre sa douce voix dans l’église de St Paul où le peuple le suivait, heureux d’entendre la sainte parole de Dieu qu’il lui prêchait.

Aussi ces souvenirs, vieux de douze siècles, doivent-ils demeurer dans la mémoire des catholiques de la pieuse et fervente paroisse de Vermes.

L’histoire de la paroisse de Vermes est depuis la destruction de son monastère intimement liée à celle du Chapitre de Moutier-Grandval. On ne connaît que peu d’écrits qui concernent Vermes jusqu’au XVe siècle.

L’hospice de Moutier, créé par la Chapitre de ce nom, possédait, en 1308, des prés à Vermes, qui rapportaient six sols de deniers. L’Eglise de Bâle possédait un fief important à Vermes qu’elle inféode à Hermann, à Henri et à Conrad de Montsevelier, qui rapportait une mesure de blé et une d’avoine en 1325 (1). En 1394, ce fief avait passé à Henkin Scheynort de Rambévaux (2)

Dans l’acte de rôle des colonges de Courchapoix, dressé le 24 juin 1435, on voit figurer, parmi les prudhommes, Henri Cherppen, de Vermes (3).

Le 13 novembre 1438, Jean-Henri d’Eptingen reprend en fief de l’Eglise de Bâle le fief de Vermes (4).

(1) Trouillat I 134.
(1) Trouillat I 79.
(2) Trouillat III 348.
(3) Ibibem IV 573.
(4) Trouillat V 327.

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