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Publié : 7 janvier 2006

Conte fantaisiste

Au château du Raimeux

AU CHATEAU DU RAIMEUX

Conte fantaisiste

Il était une fois... contait notre grand’mère,
Ses pieds sur les chenets, nous trois groupés à terre,
Un modeste château, sis au flanc du Raimeux,
Abritant sous son toit un châtelain heureux.
Sa fille au teint de lys se nommait Huguonette,
Riante, fraîche et gaie, en robe à gorgerette.

Or, l’élu de son cœur, depuis sa tendre enfance,
Etait un chevalier, un preux, plein d’espérance.
Mais un jour arriva qu’il partit en guerrier,
De sa cuirasse armé, sur son noble coursier.
La belle enfant lui dit : « Gardez cette amulette,
Ce brillant serti d’or, souvenir d’Huguonette. »

Dans la cuisine amie, une ample cheminée
Avec son tronc entier, brillait illuminée.
Les jours passaient nombreux. Les doigts sur le fuseau,
L’éplorée songeait sans finir l’écheveau.
Au sommet du donjon montait la châtelaine,
En refoulant les pleurs dont son âme était pleine.

Et scrutant l’horizon, les yeux sur la vallée,
Ne pouvait détourner triste et sombre pensée.
Le soir dans la chapelle, au féodal blason,
Pour l’absent n’oubliait de dire une oraison.
Près des carreaux plombés, quand la tourmente effraie,
Retentissait dans l’air le long cri de l’orfraie.

A quelque temps de là, par un soir de rafale,
Les doigts transis de froid, par la bise glaciale,
Un trouvère affaibli frappe un coup au heurtoir.
Le guet sonne du cor au porche du manoir.
Le voyageur entrant s’assied, la tête lasse,
Sur l’un des escabeaux, dans une salle basse.

« Le ciel vous soit clément. D’une terre lointaine,
J’apporte, messager : des brins de marjolaine,
Le brillant serti d’or, le gantelet de fer,
Souvenirs d’un mourant qui longtemps a souffert. »
Dans le vent en clameur, l’airain de la chapelle,
Tinta funèbrement du haut de la tourelle.

En cueillant dans le bois l’aubépine odorante,
Peut-être y verrez-vous, quand vient la nuit tombante,
Une forme indécise auprès des coudriers,
Attendant le retour d’un vaillant chevalier.
Un château sans mystère est un foyer sans flamme,
Voilà pourquoi qrand’mère... en a serti la trame.

MP