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Publié : 24 juillet 2014

Un centenaire : col de la Scheulte, Scheltenpass, 1914-2014

Un joyau qui propose une échappée du Val Terbi vers l’Est

Sauvage, intact, un peu mystérieux, cet étroit passage se faufile dans d’impressionnantes gorges. Il relie le Val Terbi et le Bassin de Delémont avec le Guldenthal et la région de Balsthal.

La route sinueuse et étroite fait le bonheur des motards mais requiert une attention soutenue et prudente de la part des automobilistes. Des cars prennent parfois la regrettable décision de tenter l’aventure, à leurs risques et périls !

 Deux régions distinctes à relier

Une frontière des langues millénaire passe le long des montagnes qui ferment le Val Terbi à l’Est. Elle séparait déjà Burgondes et Alamans, puis Lotharingie et Germanie, aujourd’hui Romands et Alémaniques.

Des incursions de part et d’autres du col sont attestées par la toponymie. Du côté Ouest, la ferme des Beuches (les brûlis) a changé son nom en Dürrenberg (la montagne sèche). La Scheulte (la grondeuse) hérite son nom de schelten (gronder). Du côté Est, il n’y a guère que Walenstich (le point des welsches).

Des toponymes nous rappellent aussi des industries : Erzberg (montagne du minerai), Glashütte (verrerie).

Les relations entre les deux régions passaient plutôt par le col du Greierlet, à partir de Montsevelier, entre les Vies Forchies (les voie fourchues) et le Schemelhof (la ferme du chemelè, du tabouret).Celtes et Romains pratiquaient déjà cet itinéraire, le plus bas et le moins escarpé pour rejoindre le passage du Passwang et la région de Bâle.

Le Fringeli et le Welschgätterli ( la petite porte des Welsches) donnaient accès vers le Nord à la région de Laufon.

Ces relations d’échanges et de commerce entraînaient des mariages. Les paysans, par des échanges de bétail cherchaient à améliorer la reproduction.

Les noms de famille de la Scheulte ont aussi varié selon la région d’émigration choisie : les Lachat sont devenus des Latscha, les Flury, des Fleury.

 Une route bien tardive

Le passage de la Scheulte, périlleux et escarpé n’a été qu’un sentier jusqu’au milieu du 19e siècle. Il apparaît partiellement sur la carte Buchwalder de 1827. C’était pourtant une échappatoire utilisée par les réfugiés de la Guerre de Trente ans et de la Révolution française pour fuir vers la Suisse intérieure. Le sentier a été transformé en mauvais chemin vers le milieu du 19e siècle.

Le tracé actuel est une route militaire, construite de 1914 à 1916 par les soldats du génie. Elle a été améliorée en 1965 : pont élargi et asphalte. Aujourd’hui, c’est une route touristique très appréciée.

 Pourquoi une route militaire

La Guerre de 14-18 a entraîné une vague de fortifications dirigées vers le Nord, l’Allemagne et la France. La région du Hauenstein et celle des Rangiers constituaient deux points forts. Le but stratégique était de les relier dans une même ligne de défense et il fallait une route d’approvisionnement. Protégée sur le flanc Sud de la chaîne du Passwang, elle passait du Belchen, vers Unterer Hauenstein, Langenbrück et le col de la Scheulte vers la Vallée de Delémont et les Rangiers.

Plusieurs compagnies du génie comprenant des troupes alémaniques et romandes ont été mises à l’œuvre. Des grands-parents actuels du Val Terbi se souviennent des travaux effectués par un grand-père. Le bataillon de sapeurs 2 a été engagé, il comprenait les compagnies romandes Sap I/2 et III/2 ainsi que les compagnies alémaniques Sap Kp II/2 et IV/2.

La construction a duré deux ans. Les soldats n’avaient que leurs outils, des chariots, des explosifs. Ces derniers ont causé la mort d’August Clodel, le 11.6.1915.

De nombreuses bornes, inscriptions et plaques rappellent l’engagement des soldats. Lors de la première étape, côté Ouest, ceux-ci étaient logés à Mervelier.

 Une région de fermes dispersées

Des deux côtés du col, les fermes sont éparses. Du côté Jura, la commune de la Scheulte a décidé de rester bernoise. Une seule borne, point de contact avec la commune d’Elay/Seehof a permis aux citoyens de la Scheulte de revoter pour rester avec l’Ancien canton.

L’école de la Scheulte accueille aujourd’hui des groupes et des colonies. Le restaurant du Moulin et celui de la Rotlach sont hélas fermés. Du côté Jura, les restaurants ouverts se trouvent à Mervelier, Corban, Courchapoix et Vermes. Du côté Balsthal, on trouve les Erzberg, le Stierenberg, le Guggel et deux autres fermes restaurants en descendant le Guldenthal ou Guldental ( la vallée de l’or ou des florins).

 Chapelles et paradis d’excursion

Deux chapelles se trouvent de part et d’autre du col. Celle qui est tournée vers Mervelier est ouverte chaque dimanche. Fondée en 1860 par le curé Joseph Mouttet de Mervelier, elle est dédiée à St Antoine des Ermites, patron des animaux domestiques. L’autel provient de l’ancienne cathédrale de Soleure, d’où la présence des saints Ours et Victor qui entourent une belle pièta.

Tout le fond du Val Terbi et la région du Guldental forment un véritable paradis pour les randonneurs. Le col de la Scheulte est très connu de nos concitoyens alémaniques et il vous invite à venir le découvrir, à pied, en vélo ou par d’autres moyens de locomotion.

Fleury Louis-Joseph

Courchapoix, juillet 2014

renseignements :

Val Terbi rando, http://www.valterbi.org/accueil.html

Fortifications suisses, http://www.schweizer-festungen.ch/schweiz_1914-18.htm#Scheltenpass%20-%20Teil%201