En 1636, les Français et les Suédois avaient dû quitter la Vallée et furent remplacés par les Impériaux. Ceux-ci étaient des Croates commandés par le farouche général Colorado. Ces troupes barbares commirent toutes sortes d’excès et de désordres dans les villages de la Vallée, comme à Delémont où était leur quartier général. Ils faisaient venir des vivres et des mets les plus exquis de Bâle, qu’ils faisaient payer par les gens du pays. Ils n’avaient ni ordre, ni discipline. Toutes les réclamations de la population et du prince évêque furent inutiles. Colorado envoya des détachements par les villages pour rançonner les habitants, piller les maisons, enlever le bétail. On disait de ces troupes indisciplinées : « il n’y avait ni Dieu, ni église, ni chrétienté qu’ils n’outrageassent ».
La famine fut la suite inévitable de cette cruelle occupation. Elle fut horrible et ses ravages se firent sentir dans tous les pays. On vit des mères se nourrir de la chair de leurs enfants égorgés de leurs propres mains. On déterrait les cadavres des cimetières pour s’en faire une horrible nourriture. Les bestiaux avaient disparu, on avait mangé les chiens et les chats, enfin on se nourrissait avec empressement des restes des animaux morts. Cette épouvantable nourriture engendra des maladies contagieuses dans tous les villages.
Après l’incendie de Rebeuvelier par les Suédois, les Croates arrivèrent à Vermes en 1636 et ravagèrent complètement ce malheureux village. Ils fouillèrent les maisons, prirent tous les vivres, enlevèrent le bétail et mirent le feu à plusieurs maisons tandis que la population épouvantée avait fui dans les montagnes emportant quelques effets et des vivres.
Ils s’emparèrent un jour d’un jeune homme de Vermes qu’ils firent prisonnier. Ils l’enfermèrent dans une chambre, placèrent autour de lui des vivres en abondance, mais avec la défense expresse d’y toucher, sous peine des tourments les plus cruels, et afin d’observer tous ses mouvements, ils avaient fait une ouverture dans la muraille de sa prison. La mère du jeune infortuné venait de temps en temps le fortifier par sa présence, l’exhorter à ne pas prendre de nourriture, mais à implorer souvent le secours de Dieu.
Après quelques jours passés sans boire ni manger, il fut retiré sans vie de ce lieu de souffrances et expira un moment après. Son malheureux père, enfermé par ces monstres dans un grenier à blé, périt d’une manière aussi épouvantable (1). Après les Croates revinrent les Suédois qui pillaient, volaient, brutalisaient les gens qu’ils rencontraient. Ils frappaient sans pitié ceux qui n’avaient rien à leur donner, ils les enfermaient dans les greniers, les chaînes aux pieds et aux mains et les laissaient mourir de faim dans ce triste état. Tout le pays fut ravagé par ces cruels Suédois, soldats anti catholiques, enragés qui en voulaient particulièrement aux églises qu’ils profanaient, souillaient et brûlaient sans honte.
La terreur était partout, partout la mort, partout les ruines éparses. Les voyageurs, dit Sudan dans sa Rauracia vastata, les voyageurs qui traversaient les villages de la Vallée en particulier, restaient stupéfaits et saisis de terreur à la vue de tels désordres.
Pendant les troubles de 1730 à 1740, Vermes prit fait et cause pour les Ajoulots révoltés contre le Prince. Quand on apprit dans ce village que le peuple d’Ajoie en voulait surtout au baron de Ramschwag, premier ministre du prince évêque, Jean Conrad de Reinach, les habitants se révoltèrent ouvertement et des propos menaçants contre la Cour furent prononcés. Dans leur délire les gens de Vermes fabriquèrent un mannequin, représentant Ramschwag et le pendirent en effigie.
Il y a une confusion en ce qui concerne le mannequin pendu en effigie il s’agit de l’homme de paille pendu par les hotties ; il s’agit de léonard chermillat qui a retourné sa veste à partir de 1736 et en 1738 les garçons l’ont pendu en effigie en raison de sa « trahison » !
Les hotties étaient les paysans partisans de Pierre Péquignat durant les troubles de 1730 à 1740.
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(1) Sudan. Rauracia vastata.
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